INTERVIEW – MaaS local/MaaS régional : quelles solutions pour une meilleure mutualisation ?

Citec

De plus en plus de régions et d’agglomérations proposent des offres de mobilité servicielle. Pour éclairer la question de la bonne articulation entre ces deux échelles, l’Observatoire du MaaS publie un rapport.

Bonjour Camille, tu fais partie des contributeurs au groupe de travail « MaaS local et MaaS régional » de l’Observatoire du Maas, peux-tu nous parler de la problématique et des enjeux qui ont été au cœur des échanges ?

Camille Vedel : La démultiplication des initiatives MaaS au niveau local a fait émerger un défi supplémentaire : l’articulation des solutions entre elles, notamment celles dont la gouvernance est pilotée par différentes autorités publiques à l’échelle d’un territoire commun. En France, plusieurs applications MaaS ont été rapidement lancées par des agglomérations : EMMA à Montpellier, Compte Mobilité à Mulhouse, Moovizy à St-Etienne. En parallèle, les régions possédaient déjà des applications dites SIM – Système d’Information Régionale – regroupant toute l’information voyageur multimodale du territoire notamment pour les modes publics, voire quelques modes privés. Ceci correspond au premier niveau d’intégration des solutions digitales de mobilité, c’est-à-dire un niveau assez sommaire comparativement au MaaS qui, lui, intègre la réservation et le paiement (niveau 2), propose des offres packagées (niveau 3) voire instaure des incitations financières (niveau 4). À présent, le concept de MaaS vient enrichir les SIM avec l’intégration des modes privés et personnels en sus des modes publics et avec l’extension des niveaux d’actions possibles à l’intérieur du système. Les solutions régionales évoluent donc vers un format plus intégré et plus exhaustif, questionnant de fait leur articulation, voire leur concurrence, avec des systèmes locaux tendant de plus en plus vers des solutions MaaS.

 

Après 5 mois de travail partenarial, vient d’être publié le contenu des travaux du groupe auxquels tu as contribué. Selon toi, quels sont les principaux enseignements à retenir ?

CV : En balayant les différentes briques technologiques composant un système intégré de type MaaS, il ressort de façon générale l’importance de la coordination entre les différents acteurs territoriaux afin d’assurer à la fois la qualité et la cohérence de l’information mais aussi une baisse des investissements grâce à la mutualisation des outils. Par exemple, des mutualisations de type calculateur d’itinéraires peuvent se faire également à l’échelle d’un bassin de déplacements. C’est le cas des agglomérations de Cannes, Grasse ou Antibes qui exploitent via leur application Palmbus, Sillages et Envibus, le même calculateur d’itinéraires, proposant ainsi des déplacements sur l’ensemble de l’aire urbaine, combinant plusieurs réseaux. C’est donc avant toute chose la collaboration entre tous les acteurs – publics et privés – qui permettra de développer des systèmes efficaces et des solutions adaptées aux clients voyageurs.

 

« MaaS local et MaaS régional » s’inspire de nombreux retours d’expérience. Quels sont les exemples intéressants à suivre aujourd’hui ?

Les exemples venant de l’étranger sont très intéressants et complémentaires aux actions françaises. Certains pays se sont penchés sur la création de briques technologiques en commun et partagées par les différents niveaux territoriaux. L’Autriche et la Norvège ont par exemple mis en place des calculateurs d’itinéraires nationaux accessibles librement via API. Ce travail collaboratif permet la mise en commun des efforts vers un but unique et partagé au profit de l’intérêt général.

 

De nombreux acteurs de la mobilité ont participé à ce groupe de travail. Qui est à l’origine de cette initiative ?

CV : L’Observatoire du MaaS est un démarche partenariale ouverte, initiée par le CEREMA, qui fédère plusieurs dizaines d’acteurs majeurs de la mobilité, publics et privés. Son objectif principal est le partage de connaissance sur le MaaS et ses différentes thématiques. Cette initiative a notamment pris la forme de quatre groupes de travail, formés en novembre 2020, dont « Maas local & Maas régional ». L’objectif étant de produire de la connaissance sur la base d’exemples concrets, le CEREMA a donc jugé opportun de faire appel à plusieurs experts du secteur afin de réaliser un premier état des lieux incluant des pistes de réflexions, des retours d’expérience et des bonnes pratiques.

 

Pourquoi Citec a souhaité s’investir au sein de ce groupe de travail sur le MaaS, et quels apports retirer de cette participation ?

CV : En tant que société experte de la mobilité, Citec travaille d’ores et déjà avec de nombreux territoires et les accompagne dans la construction d’une mobilité en ligne avec les enjeux du développement durable. L’essor de nouvelles solutions de mobilité et du digital au sein de nos modes de vie questionne la connaissance que nous avons de la mobilité actuelle et des usages. Afin de poursuivre sa mission de conseil auprès des collectivités, il semblait évident pour Citec que nous avions un rôle à jouer dans l’analyse de ce nouveau phénomène et dans sa conceptualisation.

 

Quelle suite va être donnée à ce groupe de travail ?

CV : Le rapport de restitution de nos échanges vient juste d’être publié. Il sera suivi le 10 juin d’un webinaire organisé par l’Observatoire du MaaS. L’occasion de présenter son action ainsi que les résultats des réflexions des groupes de travail « MaaS local et MaaS régional », et « MaaS et covoiturage ».

 

Pour en savoir plus

Lire le rapport « MaaS des villes & MaaS des champs »

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